En Limousin avec les amis de St-Léonard

Pendant quatre jours, une délégation de près de 150 personnes de Drusenheim vient de vivre des journées extraordinaires avec les amis de Saint-Léonard-de-Noblat en Haute-Vienne.

C’était à l’occasion de la quinzième encontre d’amitié et de souvenir. Car « on vient le cœur ému retrouver ses amis, quand revient le mois de mai ». La chanson Alsace Limousin, dont sont extraites ces paroles, a été reprise au moins deux fois quinze fois au cours du séjour, tantôt avec enthousiasme à l’arrivée, tantôt avec force et grand plaisir en cours de séjour, tantôt avec un pincement au cœur, au moment du retour.

Jeudi 30 mai, vers 20h, trois autocars avec la délégation conduite par le maire Jacky Keller, s’arrêtèrent devant le gymnase municipal. A bord le préfet honoraire Cyrille Schott, des adjoints et des conseillers municipaux, des membres de diverses associations et des particuliers, dont un octogénaire, présent parmi les réfugiés de 1939. Immédiatement, le maire de Saint-Léonard Alain Darbon exprima sa joie et l’honneur d’écrire une nouvelle page d’amitié en ce 80e anniversaire de l’évacuation de la population de Drusenheim en septembre 1939 et en ce 50e anniversaire de la première rencontre officielle en 1969. Celle-ci avait été initiée par les maires Docteur René Barrière et Pierre Schott.

Après un rappel historique, Alain Darbon fut heureux de constater que le flambeau avait été repris par les plus jeunes générations… Le maire Jacky Keller exprima ses remerciements pour, une fois encore, l’accueil chaleureux de la municipalité, mais aussi et surtout les hébergeurs. Il imagina le désarroi des 1600 réfugiés alsaciens de 1939, mais aussi leur chance de rencontrer des habitants qui malgré les privations et incompréhensions ont fait preuve de solidarité et de générosité.

Découvertes en petits groupes

Les journées de vendredi et de samedi ont été consacrées pour l’essentiel à des découvertes, en petits groupes, surtout pour ceux venus pour la première fois en terre limousine. Ainsi l’Historail, un extraordinaire musée du chemin de fer avec la SNCF comme mécène sous la conduite d’un guide passionnant où l’on découvre « une bête à cornes » et bien d’autres pièces d’histoire et des trains miniatures. Ainsi encore des manufactures de porcelaine ou le Moulin du Got avec la découverte de l’exposition annuelle « Bestiaire du papier », une exploitation agricole et la culture de la sève de bouleau, l’impressionnant et tout récent centre hospitalier « Monts et Barrages » avec les innovations techniques, la clarté des espaces et la proximité. La Collégiale, inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO, avec le tombeau de Saint-Léonard et la cité historique avec ses rues étroites, sa tour carrée et sa tour ronde, a été également au programme.

Autres temps forts : un match de rugby avec des règles un peu particulières entre joueurs alsaciens et limousins, un match de basket entre filles des deux clubs, une rencontre entre jeunes sapeurs-pompiers, une animation de chorales, avec le bienvenu On écrit sur les Murs, un concert réunissant sous un même ensemble et dans une belle atmosphère les deux harmonies…

L’histoire a été très présente samedi matin. Pour une cinquantaine de participants, dont beaucoup de jeunes, ce fut la découverte des ruines et du drame d’Oradour-sur-Glane. D’autres, dont certains furent alors acteurs, découvrirent un film enthousiaste sur les deux premières rencontres, à Saint-Léonard en 1969 pour le trentième anniversaire, en 1970 à Drusenheim, avec dans les allocutions des élus et des autorités préfectorales, de l’émotion, de la passion et de la vision. Lors des différents repas pris en commun, la délégation de Drusenheim put apprécier des spécialités limousines, dont de succulentes viandes. Lors de la soirée festive, une ovation a été réservée à l’ensemble chorégraphique de Sauviat-sur-Vige, alors que Drusenheim Accordéons avait animé le dîner convivial « cochon à la broche ».

Sur la tombe des réfugiés drusenheimois

La journée du dimanche a été consacrée à une partie plus officielle. Après la messe à la Collégiale en présence des membres de la confrérie de Saint-Léonard, beaucoup se retrouvèrent d’abord au monument aux morts pour une cérémonie à laquelle participèrent les officiels, les deux formations musicales, une délégation de l’Union nationale des combattants de Drusenheim, mais aussi des habitants de Saint-Léonard.

Alain Darbon comme Jacky Keller évoquèrent les heures sombres de 1939-1945, mais aussi le besoin d’honorer leurs sacrifices et surtout celui de créer un avenir de cohésion dans une société de paix, de justice, de tolérance. « Face aux extrémistes, il faut rester vigilant, expliquer, effectuer des actes courageux pour réaliser la paix en Europe. »

C’est sur la musique du Drapeau de l’Europe de Laurent Delbecq (variation sur l’Hymne Européen) que se termina la cérémonie au Monument aux Morts. Beaucoup se recueillirent ensuite sur la tombe des réfugiés drusenheimois restés en terre limousine sur laquelle est gravée la béatitude sur les artisans de paix.

Publié dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, le 04/06/2019

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